Les Londoniens ont une affection particulière pour l’OXO Tower, dont les lettres brillent en rouge écarlate une fois la nuit tombée. Un phare urbain en quelques sortes, réconfortant, qui guide leur pas sur Southbank. J’ai dû passer à côté des milliers de fois en 13 ans. Saviez-vous que le bâtiment était à l’origine une centrale électrique, destinée à alimenter les bureaux de Royal Mail? Liebig, que vous connaissez mieux pour leurs célèbres cubes OXO, rach. etèrent les lieux dans les années 20 et les convertirent en chambre froide. La tour n’existait pas encore, ce fut l’idée de l’architecte Albert Moore, pensant l’utiliser pour promouvoir la marque. Le permis fut refusé par la ville – aucune publicité lumineuse n’était alors tolérée sur les bords de la Tamise. Qu’à cela ne tienne, il y a ajouta des fenêtres. Ces formes de O et X? Oh, un simple hasard, voyons…
Le building se retrouve plus ou moins à l’abandon dans les années 70-80. L’association Coin Street Community l’acquiert en 1984, créer le complexe que vous connaissez aujourd’hui. Appartements, restaurant, magasins. Ma partie préférée est à l’arrière, cette cour toute calme où les touristes ne s’aventurent pas, avec quelques tables des cafés, une installation lumineuse sur la façade, la Bargehouse, cet immense espace d’exposition…
L’OXO Tower, elle, n’est pas ouverte au public et les occasions de la visiter sont rares. J’en ai eu l’occasion récemment. Pour y accéder, il faut d’abord monter au niveau du restaurant Harvey Nichols, puis emprunter une porte près des cuisines. De là, un escalier métallique en spirale mène jusqu’en haut de la tour. On imagine les lieux VIP : ils ne sont que rarement utilisés, parfois, juste par l’équipe de restauration pour admirer les feux d’artifice sur la Tamise. En une centaine d’année rien n’a bougé, tout est resté brut, brutaliste avec une nuance Art Déco, Londres décliné en bleu à travers les losanges de verre.
De cette atmosphère tamisée, on passe soudain en pleine lumière, sur la terrasse. La Tamise est à vos pieds, St Paul se découpe dans le lointain, la plage de sable de Gabriel’s Wharf se dévoile, le London Eye apparait entre deux tours. On se sent un peu géant de là-haut…
Si peu de chanceux ont l’occasion de découvrir l’OXO Tower, certes, mais vous pouvez profiter d’une assez belle vue depuis le restaurant Harvey Nichols. Le balcon est en accès libre au public, l’équipe se fera un plaisir de vous montrer le chemin.
Il y a plus encore à découvrir dans le bâtiment, beaucoup plus! En passant sur Southbank, on intègre vaguement l’idée que les étages abritent quelques boutiques. Finalement, on ne s’y faufile jamais. Il ne s’agit pas tant d’une galerie marchande que d’une communauté d’artistes, aussi liée qu’une famille. Certains sont là depuis 5, 10,15, 20 ans. Vous n’y croiserez que ceux “in the know“, à la recherche d’objets qui content une histoire, savent émouvoir. Arrêtez-vous d’abord à Wagumi, qui met en avant le design japonais : des céramiques inspirées des techniques traditionnelles mais avec des textures contemporaines, une vraie géométrie, des dégradés sublimes. On y trouve aussi des sacs faits de tenues de judo, du matcha de belle qualité, des succulentes dans des pots de mousse. Un lieu apaisant.
Toquez aussi chez Archipelago Textiles, just’à côté. Rentrez. Posez des questions. Caressez les tissus.
En passant juste devant la vitrine, il est facile de se dire – tiens, encore des châles, des couvertures. On ne devine pas d’emblée qu’il ne s’agit pas tant d’une boutique que d’un studio d’artiste, grand comme un mouchoir de poche. C’est ici que Doreen Gittens crée, depuis 20 ans, sur son métier à tisser qui emplit un quart de la pièce… Les centaines de fils nécessaires à chaque ouvrage doivent être placés manuellement – quelle patience, quelle passion aussi! Lin, laine, soie, toujours des matières naturelles. Certaines resteront dans les tons ivoire, entrecoupés d’or ici et là, d’autres capturent la chaleur d’un jour ensoleillé ou même lient les fils si finement qu’on croiraiT que Doreen a inventé une nouvelle teinte… Chaque pièce est unique : l’occasion de demander à personnaliser foulard, tenture!
Au même étage, vous rencontrerez Snowden Flood, une designer new-yorkaise qui trouve son inspiration dans les vues iconiques de Londres. Chelsea Bridge, London Eye, Battersea Station emplie de fleurs, théière traversée du fil de la Tamise… deviennent soudain plus poétiques. A sa collection s’ajoutent d’autres pièces de créateur, des livres, des trouvailles vintage – j’aime particulièrement les assiettes Nuages. Et l’atmosphère home sweet home qui donne envie de s’asseoir, bavarder, passer là une ou deux heures.
C’est un peu comme une chasse au trésor! Ensuite? Direction Bramwell Brown. Fabricant de Mechanimated Weather & Tide Clocks. Des horloges-baromètres animés.
J’étais, enfant, fascinée par les nombreuses horloges de mes grands-parents. J’en connaissais les différences de tonalité, guettais le coucou suisse. Même fascination dans cette boutique, une certaine nostalgie aussi. Un changement de météo et une scène se joue, les nuages jouent à cache, cache, Londres s’anime, la marée se retire sur une plage… A rajouter à votre liste de Noel!
Chez Electrobloom, on parle 3D printing et bijou! La vitrine met principalement en avant des bagues la liste de créations est infinie : bracelets, boucles d’oreille, colliers… ou les mailles d’un tissu. Blancs à la base, ils seront ensuite teintés. Mark Bloomfield donne l’impression que tout est possible. Il a après tout conçu des pièces pour Asprey, Vivienne Westwood, Paul Smith et Matthew Williamson, même travaillé sur les bijoux des films Titanic, Judge Dredd, Braveheart et Poirot! Son motif allium est l’un de mes préférés.
Votre côté déesse égyptienne devrait aussi adorer Alan Vallis. Là encore, le studio est minuscule: une vitrine, un comptoir, un atelier pour 2 à l’arrière mais quelle magie! Sa signature? Des stacking rings, des bagues qui s’empilent et se décorent des pierres précieuses et motifs de votre choix, pensées pour être complétées d’un anniversaire sur l’autre. Il fut l’un des premiers à s’installer à l’Oxo Tower Wharf, en 1996… On imagine facilement ses créations dans une peinture préraphaélite. Demandez-lui de vous montrer le collier poisson, inspiré d’une œuvre vue dans un musée du Caire!
Ma dernière visite fut à Innermost, fondé par Steve Jones et Russell Cameron’s brainchild. Une idée… lumineuse, faire des lampes de véritables œuvres d’art, les faire remarquer plutôt que de les fondre dans le décor. Comme leur luminaire en forme de chapeau melon, devenu iconique! S’ils dessinent certains modèles eux-mêmes, ils travaillent aussi avec des visionnaires… et des boutique hotels. Ils font partie des rares à avoir une ligne de production, leur permettant de se concentrer sur des collections capsules. Oh, et ils ont aussi leur propre gin, Ginnermost. Et un gin bar.
Il est bien d’autres artistes alentours. On y retrouve surtout, un plaisir oublié, perdu dans les chaînes de la High Street : parler. Savoir d’où vient l’objet qui nous a intrigué, quelle est son histoire, comprendre comment il a été conçu, les rires et les pleurs qui l’ont accompagné. Un sens des valeurs et de l’authenticité…
Pourquoi ne pas passer à l’Oxo Tower Wharf le 1er décembre, à l’occasion de leur Late shopping evening (17h-20h)? Il y a aura de la musique, des démos, des ateliers… Une belle introduction à ce wonderland du design.
Pour en savoir plus sur l’OXO Tower Wharf, cliquez ici.
Oh, mais je suis passée devant des dizaines de fois sans jamais y entrer – la prochaine fois que je vais me balader sur southbank walk, je passerai la porte grâce à toi.
Author
@Daphné @ Be Frenchie Merci! De belles choses à découvrir 🙂