Il est mille façons de tomber amoureux de l’Angleterre. Des conventionnelles – se régaler d’un afternoon tea un après-midi de pluie, se promener sur les falaises de Douvres, dormir dans un adorable cottage dans le Dorset. Des plus farfelues – faire du paddle boarding sur la Tamise, apprendre à faire sa cueillette d’algues sur le bord des plages… Ma dernière aventure, un roadtrip en Ecosse, m’a permis de passer dans le Lake District. Quelle région les amis, quelle beauté. “J’aurais voulu être un artiste” chantait Claude Dubois. Moi aussi. Pas pour avoir le monde à refaire mais pour peindre de tels paysage, ces lacs reflétant la nature à la perfection, capturer ce vert éclatant parsemé de mille fleurs sauvages, ces petits ponts enjambant les rivières, ce gris particulier de la pierre, empreint d’une certaine gaieté. A défaut, je laisse mon Canon attraper des images au vol. Aujourd’hui, je vous conte un petit paradis : Linthwaite House, un petit paradis où séjourner près de Windermere.
Imaginez-donc, en haut d’une colline, une demeure d’inspiration Tudor, niché dans un parc de 5 hectares, offrant une trentaine de chambres luxueuses… Si la brochure la définit comme un Boutique Hotel, elle a tout le charme des Country Houses. Mais d’abord, posons nos valises! Pièce au confort moderne, lit sur lequel on aimerait sauter, bureau où travailler, immense salle de bain avec bain et douche, produits Molton Brown, sofa à l’imprimant rappelant un tweed exceptionnel, coussins brodés. Pourtant, tout fut effacé en un instant : devant la fenêtre, un petit jardin privé avec étang, iris, fougères, millepertuis. On pourrait s’installer là, mug d’Earl Grey fumé en main et tout oublier.
Mais il est temps d’explorer le domaine : terrasses avec chaises-longues faisant face à la vue de rêve, chemins discrètement tracés dans les champs, petit étang où fleurissent les nénuphars et après avoir traversé la forêt de pins, un plus large, plus sombre, plus mystérieux où l’on peut se baigner librement. Les plus frileux profiteront d’un afternoon tea sur la terrasse de la maisonette d’été à ses abords.
L’après-midi, déjà, touche à sa fin, l’heure du dîner approche. Une demi-heure avant la réservation, les invités se lovent dans les sofas du salon, appréciant antiquités et œuvres signées par les artistes de passage. La baie vitrée laisse filtrer la lumière du crépuscule, ajoutant une touche d’or à l’atmosphère. Trinquons! Pour l’une un Damson Twist (Damson Gin du Cumbria, sureau, soda et menthe), pour l’autre un Another rainy day (Vodka du Lake District, sureau, citron, soda) et pour mettre en appétit, de mini-cornets croustillants emplis d’une purée de céleri sublime, parsemée d’éclats de noisettes. Bonus, vous choisissez votre menu en toute tranquillité et ne passez à table que lorsque votre entrée est prête.
Si le restaurant de Linthwaite House n’a pas encore d’étoile Michelin, il est toutefois sur la bonne voie. Les saveurs sont au cœur des plats, déclinés en beauté. Des assiettes qu’on imagine dressées avec un soin minutieux, la place de chaque ingrédient son rôle dans l’aventure culinaire qui s’y déroule. Herbes, émulsions, purées d’un velouté rare : la conversation est vite superflue, les mots manquant vite pour décrire tout le plaisir d’une bouchée.
Avec le pain encore chaud est en premier temps servi une soupe de poireaux aussi intense qu’un espresso et sa croquette de pomme de terre. Le service sera impeccable – juste le temps, entre chaque plat de savourer notre Sancerre blanc, de discuter quelques minutes avant que la sélection suivant apparaissent. Les entrées se révèlent mémorables : carpaccio de chevreuil, betteraves au vinaigre adoucies par une marmelade de myrtilles et pour Happiness and Things, l’été résumé en quelques notes : gazpacho de tomate en sorbet, assortiment de tomates, pointe d’ail et parmesan.
Comment voulez-vous ne pas jouer aux paparazzi!
Suivent des associations inattendues – agneau braisé, navet, estragon et réglisse. Just’assez pour intriguer le palais et replonger sa fourchette aussitôt. Tout aussi surprenant : le filet de porc fondant, purée rehaussée de vanille, sauerkraut, pomme et coriandre…
Chut – si les Anglais se sont grandement améliorés en cuisine cette dernière quinzaine d’années, côté desserts, l’inspiration me semble souvent manquer à l’appel. Linthwaite House est définitivement l’exception! Je craquerai pour le cheesecake, un vrai bijou! Ce qui m’a fasciné toutefois, c’est que la recette ne fait pas appel au cream cheese mais au Brillat Savarin, un autre crémeux. Ajouter sorbet et fraises fraiches, micro pousses de basilic : tout est dit. Cela ne m’a pas empêché d’envier le dessert de Happiness and Things – des pointes de saveurs dessinant un croissant, jelly et compotée de framboise, meringue au poivre noir, sorbet au yaourt et miel. Nirvanesque. D’autant plus qu’un menu en 4 plats de cette qualité de coûte que.. £58.00!
Notre voisin de table commande de son côté un plateau de fromages. Sa mine ravie, ses éloges auront raison de nous. Il nous faut goûter! Oubliez Cheddar et Stilton, vous allez être épaté par le Lancashire Bomb, le Baby Berkswell, le Tunworth, le Swaledale Blue et mon préféré, le Smoked Lincolnshire Poacher…
(Autant dire, cependant, que vous roulerez jusqu’à votre chambre)
Réveil en douceur. Un peu de musique, lire les nouvelles en format digital encore au lit, paresser, boire son premier café au bord de l’étang, se régaler du buffet du petit-déjeuner, commander un Poached smoked haddock with rarebit glaze (du poisson dès le breakfast, quel luxe). Et avant de boucler les valises, s’offrir une pointe d’excentricité toute British : malgré le grand soleil, enfiler les wellies aux couleurs éclatantes à disposition des invités et jouer au croquet…
Le danger? On se sent si bien à Linthwaite House, il y a tant à y découvrir… qu’on en oublie la région. Passez-y donc plusieurs nuits!
>> Linthwaite House <<
Ça donne envie de se peletonner sur le sofa, de goûter les petits cornets si jolis, d’avoir l’impression que le temps s’est arrêté et qu’on est à une autre époque…
@Kid Friendly C’est tout à fait ça. Le temps s’y est arrêté…