Malines. Le nom chante, danse sur les lèvres. On devrait en faire une chanson, un poème.
C’est sur la Grand Place, certainement, que vous tomberez amoureux de cette petite ville de Flandre. A chaque façade sa palette de couleurs, ses dorures, ses décorations, son histoire. Le numéro 32, par exemple, autrefois nommée Auberge de l’Ange et où Charles Quint avait ses habitudes. Rentrant d’un voyage long de plusieurs semaines, couvert de poussière, il s’y arrête, demande draps de soie et repas de gibier. La patronne, ne le reconnaissant pas, lui refuse. Il revint le lendemain vêtu de ses habits de noblesse et imposa d’en changer le nom. La brasserie, à ce jour, est toujours connue comme Den Beer (l’Ours), sculpture à l’appui sur la devanture… Si aujourd’hui, la foule se mêle aux terrasses des cafés, au XIX ème siècle, chaque côté de la place soulignait votre appartenance sociale. Aristocrates et bourgeois, en effet, privilégiaient une peau laiteuse tandis que paysans et travailleurs, habitués au travail en extérieur, préféraient l’ensoleillement.
Tendez l’oreille… La cathédrale Saint-Rombaut marque tous les quarts d’heure d’une mélodie et marque un coup toutes les sept minutes et demie, une excentricité surnommée petit demi de Malines. De la Grand Place, vous apercevez déjà le beffroi, haut de 97 mètres. Il faudra affronter 538 marches pour accéder au Skywalk mais la vue à 360 degrés mérite bien de s’essouffler un peu! Riche non pas d’un mais de deux carillons (le seul cas en Europe), la tour est a été classée au Patrimoine mondial par l’UNESCO.
Fut un temps, Malines comptait une centaine de brasserie. Mieux valait, à l’époque, éviter l’eau non traitée des puits et des rivières. Le vin était réservé aux bourses cossues. Ne sachant expliquer pourquoi les enfants perdaient leur premières dents, conclusion fut tirée que le lait devait en être responsable (d’où leur surnom de dents de lait). Les jus de fruits n’existaient pas encore. Reste… la bière, donc chaque habitant consommait 300 litres par an. Moins forte en alcool qu’aujourd’hui, riche en minéraux, elle servait en quelques sortes de repas liquide.
On aperçoit près de la Grand Place une drôle de statue – un homme jetant à la lune un seau d’eau. En 1687, par une nuit brumeuse, un Malinois crut la tour Saint-Rombaut en feu. Le tocsin fut sonné mais avant que la population ne commence à attaquer l’incendie, le brouillard se dissipe, révélant simplement la lune, dans toute sa splendeur. De cet incident, les Malinois héritent du sobriquet d’Eteigneurs de lune.
Malines, c’est aussi une ville de femmes forte qui furent les premières à brasser la bière, qui gèrent les cafés. Sans compter Marguerite d’Autriche, ancienne gouvernante générale des Pays-Bas au XVème siècle et dont vous pouvez visiter le palais, où elle vécut à partir de 1507 avec son neveu… Charles Quint. Fine diplomate et grande amatrice d’art, elle permit à la ville de connaitre un véritable âge d’or.
Au détour des ruelles, on découvrira le Grand Béguinage. Les femmes célibataires ou veuves pouvaient venir y habiter, à condition de faire vœu de chasteté. Contrairement au couvent, elles n’avaient pas à faire don de leur fortune, pouvaient déjà avoir des enfants et pouvaient quitter l’ordre quand elles le souhaitaient. Les hommes y trouvaient également refuge, à condition d’avoir plus de 70 ans ou moins de 12 ans. Indépendantes, les béguines avaient leurs propres four à pain, église et brasserie. Elles étaient aussi connues pour leurs œuvres en dentelles portées par les reines et impératrices d’Europe.
Aujourd’hui, l’ancienne brasserie des béguines fait partie d’une structure plus moderne, celle de Het Anker crée en 1872. Dirigée par la cinquième génération de la famille fondatrice, elle est aujourd’hui la toute dernière brasserie en activité à dans la ville. Offrez-vous une visite des lieux. Pas moins de 12 bières sont à l’affiche, dont l’excellent Carolus, la Lucifer et la Maneblusser (ou Eteigneur de lune), à base de houblon belge. Les lieux se doublent d’un café-restaurant et d’un hôtel. Surprise, Het Anker fabrique depuis 2010 son propre whisky, le Gouden Carolus Single Malt, distillé dans un alambic de cuivre à partir du moût de leur bière Gouden Carolus Tripel.
Pittoresque, Malines invite, indéniablement à la promenade. Pourquoi pas au fil de l’eau, en empruntant le Sentier de la Dyle jusqu’au jardin botanique? Ou en passant près des palais de Marguerite d’Autriche et de Marguerite d’York? Une ville où revenir, encore et encore…
>> Pour en savoir plus sur Antwerp et les Flandres, direction www.visitflanders.com <<
>> Comment venir? En Thalys de Paris ou Eurostar de Londres jusqu’à Bruxelles Gare du Midi puis un train vers Mechelen à partir de la même gare
>> Où dormir? Au Novotel Mechelen Centre
>> Où se régaler? Au Cosma, raffiné, qui se double d’un concept store ou au Sava, à la déco design, sur la Grand Place
>> Côté Brasserie? Het Anker est la seule brasserie de Malines encore en activité. Elle offre également un café/restaurant et un hôtel.
Ah la Belgique <3
Pensée pour ce pays en ce jour sombre, dont j'aime tant l'architecture et l'extravagance!
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@Chloe J’y retournerai à la première occasion…