Cette année, on entend beaucoup parler de Lancelot Capability Brown en Angleterre. C’est un peu, voyez-vous, le Lenôtre britannique… Cette campagne britannique épurée, ces paysages à l’infini, enjolivés d’un pont de pierre, ces belles lignées d’arbres, ces élégants bosquets, bref, cette élégance naturelle, c’est à cet incroyable visionnaire du 18 ième siècle qu’on les doit. Né en 1716, 2016 offre l’excuse parfaite pour s’émerveiller de ses créations. Curieuse d’en savoir plus, je suis allée au printemps dernier découvrir Burghley House, un paysage qui le passionna pas moins de 25 années.
Cette imposante demeure, avec ses multiples tourelles, fut conçue par William Cecil, Lord Haut Trésorier d’Elizabeth I. 35 pièces principales, 80 de moindre importance (comprenant couloirs cachés du regard pour que la noblesse n’ait pas à croiser les domestiques)… elle prend d’emblée des airs de palais royal. Portez donc votre attention sur l’incroyable collection de cheminées de toutes tailles sur ses toits : la plupart sont factices, simplement, destinées à agrémenter une promenade avec vue sur les environs!
L’intérieur n’en est pas moins impressionnant. Les amoureux de Downton Abbey resteront sans voix devant la cuisine Tudor et ses 260 pièces de cuivre : plats, moules, casseroles… Si l’on concoctait ici mille plats de rêves, terrines, pâtés, veloutés, gelées étaient toutefois mis à l’honneur. Les dentitions étaient vite gâtées et les dents facilement arrachées pour couper court aux souffrances. Surprise dans cette pièce, une étrange collection de crânes de tortue trône au dessus de la cheminée. Plus bas, le regard se pose sur une soupière rutilante représentant l’animal. C’est qu’à l’époque victorienne, figurez-vous, la soupe de tortue était très en vogue!
Un étage plus haut, les visiteurs découvrent une enfilade de chambres et salons luxueux. Tentures richement brodées, riches tapisseries, meubles minutieusement sculptés ou incrustés de nacre. Ne vous contentez pas simplement de les traverser : les bénévoles, dans chaque pièce, ont bien des anecdotes à vous conter! Comment le peintre des incroyables plafonds, vexé d’avoir été rabroué par la cuisinière, a glissé son portrait dans l’une des œuvres, par exemple. Que ce marbre est en fait une très belle illusion au pinceau. Ou que l’expression “To get plastered” (se prendre une cuite) vient des formes en cuir utilisées par les plâtriers pour créer fleurs et décors extraordinaires. Pour mieux les travailler, il fallait les imbiber d’alcool, les artistes en profitant pour finir les bouteilles. Vous traverserez aussi la chambre où dormirent la Reine Victoria et le Prince Albert, ainsi que le lit couronné de deux colombes en hommage aux amoureux.
Des fenêtres, le parc semble s’étendre à l’infini. En héritant de Burghley House en 1754, le 9th Earl demande à Capability Brown d’en redessiner le paysage. Il ira bien au-delà, rééquilibrant les lignes architecturales du palais, travaillant sur les soucis de drainage. Tout en s’appuyant sur la géologie des lieux, il élargit la rivière, ajoute un lac serpentin, plante des avenues d’arbres… Bref 13 hectares paradisiaques à explorer d’autant plus qu’il s’agrémente d’un jardin de sculptures, accueillant chaque année de nouvelles œuvres. Bonus? On y vient aussi, en été, profiter de cinéma en plein air!
>> Par ici pour en savoir plus sur Burghley House <<
C’est absolument splendide !
@Manue Ah, les maisons historiques britanniques, toujours de pures merveilles…
C’est sublime ! Et si je ne me trompe pas, cette demeure est apparu dans la dernière adaptation de “Orgueil et Préjugés” de Joe Wright ?
@Tiphaine Oui! Mais aussi dans le Da Vinci Code, Elizabeth et même Batman Begins…