L’histoire a commencé il y a bien longtemps. Il y a 17 ans, pour être exacte, dans le nord de l’Angleterre. Je préparais mon PGCE, le CAPES britannique. Elle était assistante de langue. Nous habitions chez un ancien professeur, Douglas. Menuisier de passion, laissant sa fenêtre ouverte par tout temps pour mieux nous faire profiter de l’humidité, vieux garçon et donc à cheval sur les règles, adorant cuisiner et collectionnant les ours en peluche. Autant vous dire qu’on en a eu, des fous rires, elle et moi, dans notre minuscule cuisine.
Et puis, elle est retournée sur Berlin et moi sur Paris. Le lien est resté. Elle s’est mariée, moi aussi. Je suis revenue vivre en Grande-Bretagne, elle a déménagé sur Sydney. Tous les deux ans environ, nous nous retrouvons, histoire de rattraper le temps perdu. Les amitiés qui résistent au temps, aux distances, aux cahots de la vie, c’est rare, vous savez.
Et puis, cet été, nous avons changé de formule. Tiens, si l’on prenait la voiture et si on filait en Ecosse? Des voyages, j’en fais pas mal. Des press trips, intenses, où l’on a juste besoin de suivre et d’absorber mille informations à la minute. Des révisions de guide de voyage où il faut ratisser du petit matin à la tombée de la nuit. Le road trip, vous voyez, c’est l’aventure par excellence. Un retour à la spontanéité, un liberté soudaine. Les derniers mois ayant filé vite, montagne de dossiers, déménagement, jongler entre boulot et enfants, nous n’avions planifié qu’une ligne directrice, booké quelques belles adresses et quelques revues. Le reste? On verra bien!
Coup du destin, Google Maps nous fera sortir de l’autoroute dans le Staffordshire, où nous nous étions rencontrées. Des travaux sur la route nous ont doucement décalées vers notre ville d’antan, Newcastle-Under-Lyme. Sur un coup de tête, nous sommes passées dans notre rue. Comme un pèlerinage… Douglas, lui, était parti, la maison était plus moderne. Qu’importe, la boucle était bouclée.
Nous avons craqué sur les villages pittoresques du Lake District, les murs de pierre sillonnant à l’infini la campagne britanniques, mangé des glaces devant le lac de Windermere, joué au croquet dans des wellies aux couleurs funky, cherché une maison sur un pont et des châteaux sur des îlots, bu du whisky délicieusement fumé dans des pubs, commandé du haggis, déjeuner dans un restaurant étoilé Michelin, refait le monde, raconté mille anecdotes. Nous nous sommes perdues puis retrouvées aux Fairy Pools de l’île de Skye, trempées par la pluie et la grêle, elle ayant fait des kilomètres à ma recherche, anxieuse, moi m’étant baignée dans l’un des bassins puis ayant attendu, en haut de la colline, dans ma veste rose néon, guettant le moindre blouson noir. Nous avons admiré les Kelpies, ces étranges sculptures, des têtes de chevaux géantes près d’Edinbourg, exploré la chapelle de Rosslyn, pris des détours, pris le temps comme celui de s’offrir un chocolat chaud à l’italienne rehaussé de Lagavulin 16 ans d’âge.
Ce n’était pas tant des vacances qu’une évasion totale, la possibilité d’aller où nous voulions, de nous arrêter en un claquement de doigts. Quelque chose de magique qui nous donnait l’impression d’avoir de nouveau 20 ans. Je conduisais, elle faisait copilote, intervenant lorsque j’hésitais, confirmant les routes à prendre, offrant de temps à autres un carré de chocolat. La pluie aiguisant les contrastes des paysages, vert éclatant contre gris théâtral. Les conversations se déroulaient – famille, souvenirs, rêves à réaliser, films et livres dévorés, philosophie sur la vie et les médias sociaux, ces silences confortables aussi, qui somme toute, tissent des liens plus serrés encore. Ce sentiment fabuleux de s’être échappé du quotidien, d’avoir oublié la routine qu’en vacances on maintient toujours un peu, bref, de s’être retrouvée, soi.
Et en rentrant, cette pensée – on remet ça l’an prochain?
Road trip therapy. A consommer sans modération!
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Une merveille à lire, ta plume respire le bonheur du partage… jamais de road trip entre amies…je n’ai pas d’amie…pas de celles qui se libèrent des injonctions et s’offrent l’espace et le temps… tu m’as fait rêver le temps d’un billet
@Bellis Winter Je fais généralement mes road trips avec mon meilleur ami, Gavin. Avec une fille… c’est différent, finalement. Une autre complicité. Une autre répartition des tâches aussi. Mais si jamais tu as envie de faire un road trip avec moi… je suis partante!
Genial ce voyage! Une belle amitié et un road trip qui donne envie 😉
@Pauline Clément Merci! A refaire encore et encore!