Il est mille mots pour décrire la Zinneke de Bruxelles. Parade, biennale, feu d’artifice créatif, féerie des arts… Au premier coup d’œil, on pourrait croire à un simple carnaval : des chars, des déguisements, des fanfares. Un flot de bonne humeur et de couleur coule dans la ville. On retombe en enfance, avec l’envie soudaine de jeter des poignées de confettis sur les passants. A chaque groupe son trajet, parfois vers la gauche, vers la droite de l’avenue. Les organisateurs déplacent de simples rubans de couleurs, demandent avec gentillesse de se décaler un peu, tout se fait dans la douceur. Habitué à des sécurités un peu brusques, on avait oublié que tout pouvait être si simple…
Bruxellois, écoles, artistes, communautés, associations travaillent deux années entières pour réaliser ce spectacle. On recycle, on crée, on bâtit, on invente, on poétise. Comme si le cœur de la ville se mettait à battre pour de vrai… Age et origines n’ont aucune importance, on y verra aussi bien des enfants que des visages merveilleusement ridés. Le thème de cette année portait sur la fragilité – de l’humain, de la vie, de la terre. De ce fil conducteur sont nées des tribus urbaines : les Permutants, les Bloprupstrucs, les Bienvenue aan boord, les CaNOHva et tant d’autres. A chacun leur façon de survivre, de se reconstruire. Faut-il se lisser dans le même moule pour ne plus montrer ses faiblesses, exister dans la cacophonie ou la musicalité, tisser des nœuds et des liens, faire swinger les mots et les corps, sortir de sa carcasse comme on sortirait de sa zone de confort, bricoler un équilibre dans un océan de plastique? Retour vers le passé ou vers le futur?
Il est une beauté extraordinaire dans cette symphonie de corps et de couleurs. Ces visages de tous les jours, que l’on remarque à peine, sont sublimés par les costumes et le maquillage. La Zinneke? Un métissage extrordinaire entre les mondes imaginaires des contes, des films de science-fiction pour mieux dénoncer l’indifférence et puiser sa force dans nos différences. Quelques heures où tout semble possible… Lorsque le défilé s’arrête, les participants passent d’une famille à l’autre, ressortent les téléphones portables mais la réalité, elle, reste teintée d’espoir.
>> Prochaine Zinneke? Le 19 mai 2018 (et oui, tous les 2 ans seulement). Bloquez la date dans votre agenda! <<